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Excellence scolaire et « caractère propre » : un dilemme pour les établissements privés catholiques ?

Par adminDernière modification 20/06/2006 00:27

Communication de Sylvie Da Costa pour l'atelier 6 "Les nouveaux modes de formation des élites"

Sylvie Da Costa
Étudiante en thèse de sociologie
IEP Paris
sjldacosta@free.fr

Résumé

Lorsque la direction des établissements catholiques et l'enseignement étaient assurés par des religieux, les injonctions orales émanant de l'Église, les notions de transmission de valeurs, de missions éducatives étaient des moteurs pour faire fonctionner les établissements. On s'y inscrivait essentiellement par conviction religieuse, recherchant avant tout un « entre soi » idéologique.

Aujourd'hui, plusieurs éléments ont largement transformé l'image de l'enseignement catholique.

Le premier que nous distinguons est le processus de « publicisation » 1 de l'enseignement privé catholique. Il débute avec la loi « Debré » de 1959 (et se poursuit notamment avec la loi Guermeur et les accords Lang-Cloupet 2 ) qui reconnaît la mission de service publique rendue par l'enseignement privé et permet aux établissements qui acceptent de passer un contrat avec l'État, d'être financés par la puissance publique. En contrepartie ces établissements s'engagent à « dispenser un enseignement selon les règles et programmes de l'enseignement public » (article 4 de la loi Debré) dans le respect total de la liberté de conscience, à un public d'élèves sans distinction d'origine, de croyances ou d'opinion politique et ne pas rendre l'enseignement religieux obligatoire.

Le deuxième élément que nous souhaitons relever est le processus de laïcisation très important que connaît l'enseignement catholique depuis la fin de la seconde guerre mondiale. 88 % des directeurs d'école, 81 % des principaux de collège et des proviseurs de lycée et 97 % des enseignants sont aujourd'hui des laïcs, mais également 70 % des directeurs diocésains, chargé pourtant de la dimension catholique au sein des établissements.

Enfin, le troisième élément se caractérise par l'évolution de ce qui constitue le « caractère propre » des établissements catholiques. En effet, s'il s'agissait essentiellement, hier, de leur spécificité confessionnelle, cette dernière, bien que toujours affirmée par la direction générale de l'enseignement catholique, prend cependant aujourd'hui, dans sa traduction pratique évoquée dans le nouveau statut de l'enseignement catholique de 1992, un accent plus neutre quasi laïc. Il s'agit en effet de « développer harmonieusement les dons physiques, moraux et intellectuels des adolescents et enfants et de leur permettre d'acquérir un sens plus parfait de la responsabilité et un juste usage de la liberté, et devenir capables de participer à la vie sociale ». Et de fait, dans ce mouvement de laïcisation que nous avons rappelé, ce ne sont plus tant les valeurs religieuses qui sont évoquées par les responsables de l'enseignement catholiques, à tous les niveaux et quelle que soit leur mission dans l'institution, mais plutôt des valeurs humanistes, voir même civiques, plus largement partagées par la société en général et les familles en particulier.

Ainsi, l'établissement catholique, par le contrat qu'il signe avec l'État se situe donc à l'articulation d'une double mission qui est d'une part, celle de toute institution scolaire publique d'enseignement et d'autre part, celle de devoir proposer quelque chose de différent en référence à son « caractère propre ». Or, au centre de cette double articulation, se situe le chef d'établissement qui bénéficie finalement d'une marge de manœuvre importante dans l'organisation interne de l'établissement, que ni l'Éducation Nationale et sa réglementation assez peu contraignante, ni l'Église dont les directives restent encore essentiellement « orales et morales » , ne parviennent à réguler 3. Si d'un point de vue de l'efficacité, cette autonomie réelle permet effectivement d'obtenir des résultats intéressants en matière de mobilisation des équipes éducatives, de prise d'initiatives et de responsabilités concrètes autour de projets qui peuvent parfois apparaître comme des modèles à suivre, qu'en est-il de la spécificité, de l'identité des établissements privés catholiques et de leur mission d' « accueil » de tous ?

En effet, l'école privée connaît un recrutement contrasté : si au niveau de l'enseignement primaire, l'origine sociale des élèves est comparable à celle de l'école publique, il en va autrement pour l'enseignement secondaire. Les enfants des catégories sociales supérieures sont surreprésentés par rapport à l'enseignement public, ces différenciations sociales se creusant à mesure que l'on s'élève dans le niveau scolaire (Vasconcellos, 1999). De même les élèves d'origine étrangère sont très minoritaires dans les établissements privés, et la proportion d ‘élèves boursiers y est moitié moindre que dans l'enseignement public.

L'objet de cette communication sera donc de montrer comment les chefs d'établissements catholiques sous contrat d'association, articulent, d'une part, la demande de formation élitiste des familles et donc le maintien d'une norme d'excellence, avec d'autre part, la conception d'  « une école pour tous, lieu d'éducation intégrale de la personne humaine », défendue par l'enseignement catholique. Puis nous analyserons la manière dont se positionnent les enseignants mais également les cadres éducatifs face à cette question.

Nous utiliserons deux enquêtes principales. La première est constituée d'un travail monographique réalisé dans le cadre de la recherche européenne « reguleducnetwork » 4  . Dans le cadre de cette étude, et en ce qui nous concerne plus particulièrement, nous avions notamment analysé l'organisation interne de deux établissements favorisés, publics et privés, en étudiant les logiques d'acteurs et les modes d'agir collectif au sein des établissements autour de la question de la lutte contre l'échec scolaire et les inégalités. La seconde s'appuie sur notre travail de thèse 5, dans lequel nous étudions de manière comparative le projet éducatif de plusieurs établissements scolaires privés catholiques.

1 Terme utilisé par B. Toulemonde (1996) « La naissance de « l' » enseignement privé », Revue française de l'administration publique, n°79, Juillet-septembre, pp445-459.

2 La loi « Guermeur » de 1977 reconnaît les mêmes avantages sociaux et de carrière aux enseignants du privé tout en garantissant l'initiative du directeur de chaque école dans la constitution de son équipe enseignante.

En 1992 les accords « Lang-Cloupet » permettent entre autres d'aligner le recrutement et la formation des maîtres du privé sur celui du public.

3 « Diriger un établissement privé catholique. Exemple d'un établissement favorisé en région parisienne ». Communication au colloque RAPPE -CLERSE Ifrési en septembre 2005 à Villeneuve d'Ascq, L'établissement in Situ : Analyser le fonctionnement des établissements scolaires. Concepts, méthodes, résultats et comparaison européenne

4 Il s'agit d'une convention de recherche européenne dans le cadre du 5 ème programme cadre de recherche et développement : programme SERD-2000-00069, contrat n° HPSE-CT2001-00086, intitulée «  Changement des modes de régulation et production sociale des inégalités dans les systèmes d'éducation : une comparaison européenne ». Sept laboratoires ou groupes de recherche y participent : EPRU (Institute of Education) et CPPR (King's College) pour l'Angleterre ; Girsef (coordinateur) et Cerisis (Université de Louvain) pour la Communauté française en Belgique ; OSC (IEP, Paris) et Ifresi (Lille, CNRS) pour la France ; Eotvos Université pour la Hongrie ; Faculté de Sciences de l'éducation de l'Université de Lisboa (Portugal)

5 thèse dirigée par Agnès Van Zanten

Education et sociétés
Numéro 21
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